Nous proposons de détailler 4 exemples de savoirs mis en place en France : l’agroforesterie, le pâturage des champs, prairies et garrigues, le paillage ou mulch et le couvert végétal.
Les autres exemples de savoirs identifiés dans le pays sont les suivants :
- Pâturage des champs et/ou des prairies
- Lecture des sols
- Autoproduction de semences
- Auto-vaccination
- Non-labour
- Traction animale
- Utilisation de variétés anciennes.
Exemple : l’agroforesterie
Pour quelle filière ?
Arboriculture et grandes cultures.
Quelle définition et pourquoi utiliser ce savoir ?
L’agroforesterie regroupe un ensemble de pratiques agricoles associant sur une même parcelle des arbres ou des haies, à une culture agricole et/ou de l’élevage. Selon ses formes, elle permet l’augmentation de la production, la diversification des revenus et une diversification des services écosystémiques. L’agroforesterie permet également d’assurer la préservation et le renouvellement des ressources naturelles (eau, sol, fertilité, biodiversité) et d’éviter l’érosion des sols, et d’assurer la protection des cultures/troupeaux, la fertilité du sol, la diversification des cultures, et l’adaptation au changement climatique.
Comment le fabriquer/l’appliquer ?
Plantation d’arbres, de haies et de taillis de différentes tailles, en choisissant des espèces attirant des insectes auxiliaires prédateurs des ravageurs présents sur les cultures. Les essences choisies peuvent également attirer des insectes mellifères qui favoriseront la pollinisation. La plantation d’arbres permet également d’héberger une biodiversité en reconstituant des habitats pérennes pour plusieurs espèces (pucerons, abeilles, chauves-souris).
Quel frein ?
Ce savoir nécessite un investissement de départ, notamment sur l’achat des plants, mais également l’idée encore très présente que la présence d’arbres peut nuire aux développements des cultures.
Exemple : le pâturage des champs, prairies et garrigues
Pour quelle filière ?
Viticulture et arboriculture.
Quelle définition et pourquoi utiliser ce savoir ?
Le pâturage est une pratique ancienne qui utilise la présence de prairie enherbée ou d’arbres, voire de garrigues constituées d’arbustes ou de ronces, pour nourrir les animaux. Il s’agit donc d’introduire un troupeau au moins une partie de l’année sur ces espaces afin de maîtriser l’enherbement et la présence de ravageurs.
Comment le fabriquer/l’appliquer ?
Placer un troupeau sur le terrain après la récolte (en arboriculture) permet d’éviter la présence de ravageurs, les animaux vont manger tous les fruits restant au sol, les vers ne pourront donc pas se mettre dans la terre et se reproduire, cela réduit donc le risque de présence de vers dans les arbres pour la prochaine récolte.
Autre technique ?
Placer un troupeau sur le terrain ou dans les inter-rangs, pour qu’ils se nourrissent d’herbes et qu’ils désherbent la parcelle. Cela permet de réduire à la fois l’utilisation de produits phytosanitaires et d’alimentation pour les animaux. De plus, ils permettent également d’entretenir les garrigues et de maintenir un espace ouvert.
Quel frein ?
Ce savoir nécessite la présence d’un troupeau et sa disponibilité et il nécessite de l’investissement dans les infrastructures pour les animaux.
Exemple : le paillage ou mulch
Pour quelle filière ?
Le maraîchage.
Quelle définition et pourquoi utiliser ce savoir ?
Le paillage (ou mulch) à base de matière organique est la pose de matières organiques sur le sol après la récolte. Ce paillage est principalement constitué de bois (ou de broyat de bois) et de résidus de plantes, de gazon. Il permet de limiter la pousse d’adventices, de lutter contre les problèmes de fertilités des sols, d’améliorer la gestion de la ressource eau.
Comment le fabriquer/l’appliquer ?
Pose de matière organique sur le sol après la récolte, quand il s’agit de bois broyé non composté, il ne doit être déposé que sur les vivaces (asperges, artichauts, rhubarbes par exemple). Pour toutes les autres cultures, le bois broyé doit avoir été composté pendant au moins deux à trois ans. Il doit recouvrir la surface de plantation pour empêcher la pousse d’adventices et fertiliser le sol, il est ensuite possible de planter directement dans le mulch. Pour l’utilisation de gazon comme matière organique, il faut faire attention à ce qu’il ne soit pas chaud s’il est déposé alors qu’il y a encore une culture (il risque de la brûler). Il faut l’appliquer juste avant la plantation et planter directement à travers le mulch, ce qui permet à la culture de se développer tout en étouffant les adventices qui auraient commencé à se développer. Enfin, il faut faire attention aux périodes de mulch, car en cas de température basse, le mulch accroît le risque de gelée blanche sur les cultures gélives. Sur ces cultures, il vaut mieux mulcher une fois les risques de gelées passés.
Quel frein ?
Le travail de dépôt du mulch est fait manuellement (à la brouette ou la fourche) et est assez physique. De plus, ce savoir implique une dépendance aux matières organiques extérieures.
Exemple : le Couvert végétal
Pour quelle filière ?
Maraîchage
Quelle définition et pourquoi utiliser ce savoir ?
Le principe du couvert végétal est de laisser pousser ou de planter des végétaux (qui ne sont pas des adventices) sur la parcelle cultivable une fois la culture récoltée et jusqu’à la prochaine plantation. Le but est principalement d’empêcher la pousse d’adventices grâce à la présence d’une végétation abondante privant les indésirables de la possibilité de croissance et facile à détruire au moment de la plantation. Selon le végétal et la plantation, la destruction n’est pas nécessairement obligatoire. Ce savoir répond donc aux problèmes de pousse de mauvaises herbes et de diminution de la fertilité du sol.
Comment le fabriquer/l’appliquer ?
Le couvert végétal le plus courant prend la forme d’un mélange de radis d’hiver et de féverole ou simplement de radis d’hiver seul (souvent radis noir de Chine). Il est implanté entre le 15 août et la fin du mois d’octobre de façon à ce qu’au printemps le radis soit en cours de montée de graine et dépasse le mètre de hauteur. Il s’arrache à la main très facilement et laisse un sol propre et presque préparé (il nécessite seulement un coup de râteau). De la même façon, la féverole est très facile à détruire, mais elle est moins commercialisable que le radis.
Autre technique ?
Il existe aussi un couvert végétal à base d’un mélange d’avoine et de vesce mais il est semé pendant la seconde partie du mois d’octobre et concerne donc les parcelles avec des cultures plus tardives. Pour ce mélange, il suffit d’écraser la biomasse très abondante présente au mois de mai, l’écrasement est un moyen de destruction assez efficace. Concernant les couverts à base de végétaux spontanés, principalement à base de luzerne, de mouron blanc, de véronique et de luzerne d’Arabie (parfois aussi de Gaillet Grateron, ils sont détruits principalement de façon manuelle ou étouffée sous un mulch de gazon ou de matière organique en mars/avril.
Quel frein ?
Le couvert demande du travail (surveillance et entretien) et il peut prendre de la place dans une rotation de culture. De plus, le couvert véhicule l’idée d’un jardin ou d’un champ mal entretenu auprès de voisins. Enfin, un mauvais choix de couverts peut impacter négativement la quantité d’azote (et autres nutriments) présent dans le sol qui sera disponible pour la culture.